
France Culture nous propose un tableau en quatre parties de la psychiatrie, à travers le prisme de la philosophie, de l’histoire, de la psychanalyse, de la médecine et de la littérature.
Psychiatrie (1/4) : L’Histoire de la folie par Michel Foucault
« En 1961, Foucault soutient sa thèse intitulée « Histoire de la folie ». Objet de nombreuses critiques, elle n’est pas tant une histoire de la psychiatrie que celle des pratiques adoptées du Moyen Âge à Freud. Qu’est-ce qui a rendu possible la constitution de la folie comme objet de connaissance ?
La psychiatrie, spécialité médicale traitant de la maladie mentale, vient du mot grec psyche, « âme ou esprit », et iatros qui signifie « médecin ».
Avant le XIXème siècle, la médecine ne se préoccupait pas des maladies
mentales, des « fous ». À l’asile, le médecin n’était pas un savant mais
celui qui faisait régner l’ordre.
En 1961, Michel Foucault (1926-1984) soutient sa thèse de philosophie sur l’histoire de la folie à l’âge classique. Ni histoire des idées, ni histoire des mentalités, Michel Foucault pose les jalons d’une histoire des expériences, des discours et des pratiques que l’Occident, concernant la folie, a adoptés jusqu’à Sigmund Freud (1856-1939), qui, le premier, a atténué la polarisation entre raison et déraison.
La thèse centrale de son ouvrage souligne que la folie n’a pas toujours été perçue comme une connaissance du savoir médical, la psychiatrie naît à la faveur d’une expérience nouvelle de la folie, qui apparaît donc au XIXème siècle. » France Culture
L’invité du jour :
Luca Paltrinieri, maître de conférences en philosophie politique, philosophie des sciences humaines et sociales à l’Université de Rennes 1
Auteur de L’expérience du concept : Michel Foucault entre une épistémologie et histoire aux éditions de la Sorbonne.
Le podcast : L’Histoire de la folie par Michel Foucault
Psychiatrie (2/4) : Sommes-nous tous malades ?
« Il existe une proximité et une confusion entre déprime et dépression. En France, cette dernière affecterait 2,5 millions de personnes et est devenue un véritable enjeu sociétal. Psychiatrie, santé mentale, de quoi parlons-nous ? Comment définir la crise que traverse aujourd’hui la psychiatrie ? » France Culture
Les invités du jour :
- Pierre-Michel Llorca, professeur de psychiatrie à l’Université d’Auvergne, responsable du service de Psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand, co-auteur de Psychiatrie : l’état d’urgence aux éditions Fayard
- Pierre Sidon, psychiatre, psychanalyste, médecin directeur du CSAPA (Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) UDSM (Union pour la défense de la santé mentale) à Champigny-sur-Marne, membre de l’ECF (Ecole de la cause freudienne)
Le podcast : Sommes-nous tous malades ?
Psychiatrie (3/4) : Antonin Artaud, pour en finir avec l’enfermement
« Antonin Artaud a passé 9 ans en institutions psychiatriques. En 1943, il dénonce les méthodes de la psychiatrie sous le pseudonyme d’Antonin Naplas, un double qui dénonce les méfaits des asiles comme l’électrochoc. Sa « folie », lucide, peut-être créatrice, questionne la légitimité de la psychiatrie.
Dès l’enfance, Antonin Artaud (1896-1948) présente des troubles
nerveux. Dans les années 1920, ses parents, qui vivent à Marseille, le
confient au docteur Toulouse, directeur de l’asile de Villejuif. Il
écrit beaucoup…
De 1938 à 1947, il passe 9 ans dans plusieurs hôpitaux psychiatriques
qui lui appliquent les traitements de l’époque, comme les électrochocs,
épouvantablement violents.
Il n’a jamais cessé d’écrire et notamment des correspondances où il se
dit envoûté, comme l’avait été aussi Van Gogh, Baudelaire, critiquant la
psychiatrie et ses méthodes. À partir de 1945, ses textes paranoïaques
se peuplent de délires…
Mais la maladie n’est pas forcément négative, en tout cas du point de vue du créateur. Dans Malades et médecins (1946), Artaud écrit « la maladie est un état, la santé n’en est qu’un autre ». » France Culture
L’invitée du jour :
Evelyne Grossman, professeure de littérature française contemporaine à l’Université Paris Diderot Paris 7
Le podcast : Antonin Artaud, pour en finir avec l’enfermement
Psychiatrie (4/4) Heidegger, psychiatre malgré lui ?
« Qu’est-ce que la Daseinsanalyse, concept pensé par Heidegger en 1927 dans son livre « Être et Temps » ? Qu’est-ce que la phénoménologie, développée par Husserl puis par Heidegger, apporte à la psychiatrie ? Doit-on et peut-on l’appliquer à des cas pratiques ? » France Culture
L’invité du jour :
Camille Abettan, philosophe à l’unité de recherche du Centre de Recherches Interdisciplinaires en Sciences Humaines et Sociales (CRISES) et psychiatre au service urgence et post-urgence psychiatrique du CHU de Montpellier
Auteur de Phénoménologie et psychiatrie : Heidegger, Binswanger, Maldiney aux éditions Vrin (2018) et responsable et traducteur de l’édition de Phénoménologie, psychologie, psychiatrie de Ludwig Binswanger aux éditions Vrin (2016).
Le podcast : Heidegger, psychiatre malgré lui ?